Gucci Twinsburg
Gucci Twinsburg
Twinsburg est le lieu de la symétrie invisible et du monde de l’entre-deux, car « l’existence n’est pas définie par le monde visible ». C’est ainsi qu’Alessandro Michele a construit la collection Printemps-Été 2023 de la Maison Gucci, présentée le 23 septembre 2022 à Milan, dont le défilé a été retransmis sur YouTube, où il a cumulé près de 3 300 000 vues en moins d’une semaine. Comme à son accoutumée, le directeur de création est allé puiser son inspiration dans son histoire personnelle, aussi bien familiale que culturelle. Cette fois, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un hommage à ses deux mères : Eralda et Giuliana, la sœur jumelle de cette dernière, qui l’ont élevé et ont nourri sa fascination pour la réciprocité asymétrique.
« Elles vivaient dans le même corps. Elles s’habillaient et se coiffaient de la même manière. Elles étaient, comme par magie, le reflet l’une de l’autre. Chacune multipliant l’autre. » La collection a été dévoilée à travers deux podiums, chacun étant une réflexion de l’autre, avec en fond une série de portraits réalisés par Mark Pekmezian, collaborateur régulier de la Maison milanaise. Vision double ? Meme ? Le trouble ne cesse de croître au fur et à mesure de la présentation.


Sur une musique de Gustav Rudman, interprétée par le Budapest Scoring Orchestra, et en voix off, Marianne Faithful récitant le texte « Identical Twins » de John Forster, les 68 couples de mannequins sosies et/ou jumeaux ont défilé deux par deux, toutes générations et cultures confondues, d’abord séparés par un mur de portraits, avant d’effectuer un dernier tour de piste en se tenant la main. Révélant ainsi leurs ressemblances et leurs dissemblances.
« Comme par magie, les vêtements sont dupliqués. Ils semblent perdre leur statut de singularité. Le résultat est à la fois aliénant et ambigu » a déclaré Alessandro Michele dans son commentaire préliminaire. « Il s’agit presque d’une rupture dans l’idée d’identité et, soudain, la révélation : des qualités différentes émanent des mêmes vêtements, portés par des personnes en apparence identiques. La mode, après tout, vit sur des multiplications sérielles, qui n’entravent en rien l’expression authentique et sincère de chaque individualité possible », peut-on lire encore. La mise en beauté des mannequins a été réalisée par Thomas de Kluyver, qui l’a ponctuée de détails surprenants renforçant ainsi le trouble du spectateur et faisant de ce défilé un véritable phénomène sur la toile. Preuve, s’il en est, que Gucci continue de s’approprier et de jouer avec les codes de la culture digitale tout en soulignant son savoir-faire historique, et ce, avec maestria.
Crédits image : courtesy of Gucci

Twinsburg est le lieu de la symétrie invisible et du monde de l’entre-deux, car "l’existence n’est pas définie par le monde visible".
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