Elon Musk développe « X.AI »

Elon Musk développe sa propre intelligence artificielle « X.AI »
Elon Musk, le patron de Tesla, SpaceX et Twitter, a déposé en mars les statuts d’une société baptisée « X.AI ». M. Musk était pourtant l’un des signataires les plus visibles d’une lettre ouverte demandant la suspension pendant six mois de la « course incontrôlée pour développer et déployer des cerveaux numériques toujours plus puissants, que personne – pas même leurs créateurs – ne peut comprendre, prédire ou contrôler de manière fiable ». Sa nouvelle société devrait s’ajouter aux laboratoires d’IA visés par l’appel : OpenAI (le créateur du robot conversationnel ChatGPT), Google, Microsoft, Meta, Anthropic, Stability AI ou Amazon, qui vient de lancer son offre Bedrock.
Baptisée X.AI, la structure a discrètement été créée début mars dans l’Etat du Nevada. Selon le Financial Times, Elon Musk a déjà débauché une demi-douzaine d’ingénieurs. Notamment chez Deepmind, la filiale britannique de Google spécialisée dans l’IA. Il cherche aussi à lever des fonds auprès d’investisseurs qui ont déjà financé Tesla et SpaceX.
Le multi-entrepreneur a déjà commandé plusieurs milliers de processeurs graphiques auprès de Nvidia, indispensables pour entraîner les derniers modèles d’intelligence artificielle générative. Vendus entre 10 000 et 30 000 dollars pièce selon les configurations, ces processeurs spécialisés dans les énormes calculs sont nécessaires pour entraîner les grands modèles de traitement du langage comme les « GPT », sur lesquels se fonde ChatGPT. Elon Musk pourrait également mettre à contribution ses autres sociétés : Twitter pour les données nécessaires à l’entraînement et Tesla pour la puissance de calcul informatique.

Elon Musk n’en est pas à sa première ambiguïté avec l’IA : dès 2014, il jugeait cette discipline « potentiellement plus dangereuse que les bombes nucléaires ». Mais en 2015 il co-fondait OpenAI, avec le but de « faire avancer l’intelligence numérique pour qu’elle bénéficie à l’ensemble de l’humanité ». En 2018, Elon Musk a toutefois quitté le projet.
Ce nouveau projet, surnommé « TruthGPT », est chargé de « rechercher la vérité maximale ». Outre le potentiel commercial du secteur, les ambitions du milliardaire pourraient bien être également politiques. Ces derniers mois, il a reproché aux IA génératives d’être trop « woke », un terme péjoratif pour désigner ceux qui luttent contre les discriminations. En clair, son IA générative pourrait être le garant d’une liberté d’expression qu’il juge menacée. A l’image de ce qu’il souhaite faire avec Twitter.
Crédit images : courtesy of Patrick Pleul